Ateliers réflexifs du 19 novembre 2022 et du 22 mars 2023, organisés par ATDF (sur zoom), et animés par Myriam Goffard, fondatrice de l’Analyse TriDimensionnelle et présidente de la commission recherche et développement.
L’identité de genre. Quelques extraits…
Aujourd’hui, bien des Sujets contemporains, très jeunes ou un peu moins, sont pris dans des questions d’autodétermination, par-delà des diagnostics et des étiquettes de tout genre, véhiculés par le discours courant. L’attention se porte, dans la mouvance des dénis contemporains non seulement de l’inconscient mais aussi des conflits spécifiques aux étapes de croissance du Sujet, sur le corps, docile au trans,1 selon un nouvel idéal, celui de fluidité des genres, auquel il nous faut rajouter le concept de diversité corporelle, avec des identités genrées différentes (excisés, amazone, intersexe2, trans) orienté par le discours dit woke qui produit de nouveaux maîtres mots et une nouvelle morale : Je suis ce que je dis, comme l’exprime J.-A. Miller, dans le cadre de la préparation des futures assises de l’ECF.
L’identité, idem en latin, le même, indique les valeurs et les normes dans lesquelles la personne se reconnaît en tant que Sujet. Elle désigne aussi ce qui permet les autres de la reconnaître. Elle s’affirme par des signes extérieurs, le personnage. Elle permet une prise de position singulière et une ressemblance avec les membres du groupe identitaire.
L’identité de genre est le sentiment intime et profond qu’on a d’être un homme, une femme ou ni l’un ni l’autre, ou de se trouver n’importe où dans le spectre de genre. Chacun exprime son genre de façon variée et complexe. Cette notion a été introduite par le sexologue J. Money en 1955 et repris par R.
Stoller en 1968 lequel parle de noyau de l’identité de genre, avec des significations variables.
L’orientation sexuelle est à distinguer de la question du genre, le binaire (homme/femme), non binaire (ni homme ni femme, entre les deux ou aucun des deux, avec transition médicale ou pas), intersexe (concerne les caractéristiques sexuelles, anatomiques, chromosomiques), androgyne (expression de genre ni masculine ni féminine), bisexuel, trans (ayant un genre différent de celui assigné à la naissance). La personne cisgenre et cissexuelle risque d’apparaître aujourd’hui comme discriminante. Il est à noter que l’identité de genre est indépendante de l’orientation sexuelle hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle, asexuelle. La terminologie ne cessant d’évoluer, nous nous arrêterons au sigle suffisamment représentatif LGBTQI+ (lesbienne, gay, bisexuel, trans, queer, intersexe et autre). ( ….)
La dysphorie de genre décrit l’angoisse ressentie par les personnes trans- ou non-binaires lorsque le sexe assigné à la naissance ne correspond pas et que le corps n’exprime pas le genre qu’ils savent être le leur. La transition peut être pensée comme un processus qui pacifierait l’angoisse.
La psychanalyse s’intéresse à l’identité sexuée et si S. Freud pensait qu’elle se formait au stade phallique, vers 3,4 ans par identification au parent du même sexe, débouchant sur la traversée oedipienne avec l’angoisse de castration pour le garçon et le désir de pénis pour la fille, aujourd’hui nous savons que l’identité sexuée se conscientise vers 12,18 mois.
En psychologie du développement, il est admis que l’enfant atteint le stade de l’identité de genre vers deux ans, il peut se reconnaître désormais garçon ou fille. Vers 3-4 ans, il parvient au stade de la stabilité de genre, comprenant que le genre est stable dans le temps. Puis vers 5 ans, il perçoit que le genre est stable à travers le temps et les situations : c’est la constance de genre.
La psychologie sociale insiste sur l’effet des représentations liées à la différence des sexes, et ce dès la vie fœtale. Elle a mis en évidence des différences dans le maternage : les nouveau-nés garçons seraient plus touchés et portés que les filles, dont on suscite plus le sourire et la vocalisation. Un bébé qui pleure est plus souvent pensé en colère s’il est garçon et ayant peur s’il est une fille. Colette Chiland s’est intéressée aux Sissi boys, ces petits garçons efféminés qui se travestissent, se maquillent et jouent avec obstination avec des jouets de filles. L’importance des fantasmes, des projections, des mécanismes inconscients chez les parents apparaissent comme déterminants. Ils peuvent avoir une position compliquée avec l’identité sexuée de leur enfant, par rapport à la masculinité, la féminité, leur propre identité sexuelle et leur sexualité. (…)
Les demandes de « changement de sexe » connaissent une explosion inédite tant aux États-Unis qu’en Europe depuis une dizaine d’années. Le diagnostic de « dysphorie de genre », traduisant un sentiment d’inadéquation entre le sexe de la naissance et le ressenti a quadruplé. Le ratio des demandes de changement de sexe s’est inversé, les jeunes filles sont désormais majoritaires. Cependant, 85% des enfants ne persistent pas dans leur demande de transformation après la puberté. (…)
L’impact des réseaux sociaux est massif surtout pour des dysphories de genre d’apparition rapide, sur fond de psychopathologie infantile ou adolescente fréquente et risque suicidaire, selon un phénomène de contagion sociale. (…)